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Billet du 17 juin 2023, affaire comédie de Genève


Répétition de Macbeth dans la neige par -15°C


Dans cette histoire de la Comédie de Genève je ferme grave ma gueule.

L’affaire : une énorme production de près d’un million d’euros dirigé par Lupa, metteur en scène polonais reconnu par les instances internationales du goût théâtral, arrêté à quelques jours de la fin par une révolte de l’équipe technique, qui bloque la sortie du spectacle. Annulation d’Avignon et tout ce qui s’ensuit, perte de 300 000 €

Pourquoi je ferme ma gueule ?

Parce que je suis de la génération de Lupa et que pour nous la bienveillance n’a aucun sens.

Nous nous mettons au service d’un spectacle totalement, les horaires n’existent pas, le sacrifice doit être total.

L’accouchement d’un spectacle est toujours d’une violence extrême.

Et comme seule compte la fin, nous sommes d’une intolérance totale, d’une intransigeance absolue.

Nous ne respectons plus rien pour parvenir à ce que nous cherchons.

Nous ne comprenons pas que tout le monde ne soit pas comme nous : prêt à tout donner, à sacrifier sa vie.

Dans les compagnies le contrat est clair, c’est le même équipage pendant des dizaines d’années, lié par des objectifs communs et c’est là que la rencontre avec l’Institution engendre des étincelles jusqu’à faire sauter le compteur.

Nous ne faisons pas le même métier. Pas question d’enchainer huit jours sans aucun repos, sans aucun horaire. Régler les lumières toute une nuit et reprendre à 10 h, charger décharger les camions,

Notre devise était empruntée à Tania Balachova : pour faire du théâtre il faut être prêt à gâcher sa vie.

Oui nous sommes d’un autre siècle, d’un autre monde.





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