Au Kapouchnik, Livchine joue Biden, Photo Phil
Tais- tais toi c’est la honte le reproche ici, et puis je ressasse ces vers de Boris Vian :
et moi je vois la fin qui grouille,
et qui s’amène
avec sa gueule moche
et qui m’ouvre ses bras de grenouille bancroche
Bien-sûr je ne peux pas tricher, on ne sait ni quand ni où ni comment, mais ça va arriver.
Nous avons roulé 300 000 kms, il y a des pièces à changer dans le moteur, mais d’autres sont trop usées.
Pour ne pas être malade, il aurait fallu se suicider jeune.
Et pourtant ce matin, la cloche a sonné 10 heures,
le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés,
Qu s’est il passé ? Les craintes, les angoisses, les anxiétés, les désespoirs, tout s’est effacé.
Le bonheur, c’est du chagrin qui se repose, n’allons pas le réveiller, me disais- je à moi -même.
Je répétais en boucle : Il ne faut pas avoir peur du bonheur c’est seulement un bon moment à passer, ou bien toutes ces phrases poétiques qui m’aident à supporter la vie.
Hier je pleurais sur les 44 000 amputations de soldats ukrainiens, je voyais des poubelles remplies de jambes et de bras. Je pleurais sur Raffah et le massacre en préparation,
Je n’arrivais pas à boucler le programme des ruches, j’enchainais refus sur refus.
D’où jaillissait cette éclaircie ?
Cocktail étrange …
Sur scène, hier soir je jouais Jo Biden, j’avais plaqué mes cheveux, je lui ressemblais- on a le même âge- et c’était jubilatoire de se moquer de sa sénilité. Et j’entendais le public hurler de rire, je devais être drôle. Oui, une sorte de catharsis s’emparait de mon corps. En jouant au vieux, je rajeunissais.
Etonnante alchimie le théâtre.
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