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Billet du 2 février 2025. Adieu la vie ancienne.


Une saison en enfer .
Une saison en enfer .

Je m’en doutais un peu, mais c’est curieux, on sait que cela va arriver, mais quand cela approche, on a beau dire, c’est normal, c’est naturel, c’est prévu, nul n’y coupera, l’anxiété nous envahit.

12 H 32. Hôpital St Joseph, porte 2 secteur A. 27 janvier 2025.

Installez -vous, il a environ 45 ans le docteur Michaud

Comment allez-vous ?  Comment vous sentez vous ?.

-Mais très bien, docteur, je n’ai aucune douleur nulle part, sauf descendre les escaliers, ça c’est pénible côté genoux.

Il examine un papier.

je l’écoute, il me lit les résultats de mon pet-scan nucléaire, drôle de nom.

C’est le verdict qui tombe comme au tribunal, le langage est codé. Le médecin traduit.

Les cellules cancéreuses ont quitté la prostate et se sont déposés sur deux vertèbres, la L 56 et la S 26, une lombaire, et une cervicale, donc suspicion de métastases.

Une en bas de la colonne vertébrale, une en haut.

On va donc agir sous forme d’hormonothérapie. Deux piqûres sous-cutanées profondes de Firmagon, tout de suite puis une par mois vont mettre à mort les cellules toxiques.

Mais je ne serai jamais débarrassé, d’autres vont débarquer.

Ça va être la guerre à l’intérieur de mon corps. C’est l’Ukraine, l’armée des métastases a lancé la bataille. On va faire en sorte de ralentir l’invasion.

Pour l’instant je ne souffre pas. Un bel avantage.

C’est la bataille de la vie contre la mort

Combien de temps ? Combien de temps encore ?

Le corps médical ne prend pas le risque de donner une réponse.

La mort est la seule compétition où on espère arriver le dernier.

Je dois trouver la dérision de la situation.

Woody Allen va m’aider, il dit  :  la mort , j’aimerais ne pas être là quand ça arrivera.

Mon problème du jour : j’en parle ou j’en parle pas ?   

Quand on me pose la question, ça va toi ? Je réponds, oui très bien, il me reste encore un an à vivre, mais à part ça, ça va bien.

Une phrase de Rimbaud affleure sur mes lèvres  : j’ai laissé des âmes dont la peine s’accroitra de mon départ.

Mes enfants me rassurent : t’inquiète pas on prendra soin d’Edith.

Mon grand regret : je ne pourrai pas porter mon cercueil.








  






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