Je n’ai guère envie de dire ce que je vais dire, mais il faut que je le dise, car je ne pense qu’à ça depuis deux jours, alors c’est bien ça l’objet d’un journal un peu intime, c’est dire ce que l’on pense, extirper les pensées trop collées au cerveau.
Plus tard quand on relit, on est atterré, mais là on n’est pas sur les listes où 3500 personnes inconnues lisent ma prose. Ce petit blog n’est lu que par 80 personnes qui me connaissent et à qui je ne demande aucune réaction.
Voilà ce qui s’est passé : c’était le samedi 22 juillet, il était 11 H 55, à Sampigny les Maranges en Saône et Loire, et une sensation de bonheur m’a transpercé, une espèce de légèreté aérienne, un sentiment rarement vécu, un solstice de bonheur.
Était-ce du domaine de la catharsis, comment le savoir ? On ne va pas voir le docteur pour lui raconter qu’on a été heureux quelques instants.
Mais une pensée s’est superposée à ce moment béni.
Plutôt que de mourir malade, grabataire, affaibli, j’aurais trouvé idéal de disparaitre, là tout de suite au sein de ma joie.
J’avais eu trop de plaisir à jouer une saison en enfer, et de plus, je devinais tous les yeux émus, autour de moi, et j’encaissais des compliments hors du commun : du cristal, sublime, voir ça puis mourir, grandiose, allégresse etc.
Je sentais une sincérité totale et la phrase de Vania résonnait en moi : un temps idéal pour aller se pendre. J’avais l’impression que je n’irai pas plus loin, et que ma devise était opportune : Rimbaud m’a ouvert les yeux à l’âge de 17 ans, c’est à lui de me les refermer.
©JPEstournet
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