
Archives. Chirac et la 2CV théâtre sur le Pont Neuf à Paris
Jadis j’avais un goût passionné pour le franchissement des obstacles. Une compagnie de théâtre n’en manque jamais.
Sans arrêt pour survivre, il fallait faire des choix, trancher, définir des axes, des priorités.
Seul je n’aurai jamais réussi, j’ai toujours été en duo avec Hervée de Lafond, en trio avec Claude Acquart, notre scénographe.
Elle, la grande ordonnatrice, moi le metteur en songes.
Certes notre fonctionnement n’était pas d‘une fluidité idéale, c’était de l’ordre du moteur à explosion mais tant bien que mal nous avons réussi à maintenir le cap, plus d’un demi -siècle, avec des réussites et des échecs.
Notre dernière décision vu notre état de santé, notre âge, notre fatigue c’est de remettre l’outil créé il y a vingt cinq ans à Audincourt à trois membres de notre équipe qui vont poursuivre notre politique de résidence, les Kapouchniks et les Ruches.
Ainsi nous avons décidé de nous retirer, bientôt.
Or la fin qui s’annonçait tranquille s’est brusquement dégradée au sein de notre équipe.
Problèmes humains, soupçons de harcèlement. Les faits sont malheureusement documentés.
Moi évidemment je cherche à tergiverser, à éviter des solutions-couperets. Hervée trouve qu’il y a urgence à réagir au plus vite.
Hervée est la référence “harcèlement” que le Ministère de la Culture a mis en place.
Elle recueille des témoignages, je tombe des nues.
Il n’y a plus de doute, une chirurgie de guerre s’impose, nous allons amputer notre équipe de deux excellents éléments.
On ne pouvait pas continuer dans cette ambiance de non- dits, de gens qui ne se parlent plus, de tensions, de gêne, de suspicions.
J’aurais rêvé d’une fin moins douloureuse et plus sereine.
Jadis, j’aimais les petits arrangements, les solutions non violentes, les compromissions, mais là je me suis dit que l’on ne pouvait pas continuer comme ça.
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