Les hommages, dommage qu’on ne puisse pas les faire avant la mort de l’être admiré.
Qu’il puisse entendre à quel point il a pu influencer ou changer la vie des gens.
J'aurais voulu parler à Peter Brook en face, je lui aurai dit : vous m’avez gravement marqué.
Londres 1966, US.
Votre pièce sur la guerre du Viet -Nam.
Vous m’avez littéralement renversé lorsqu’un acteur saisit dans une boite un papillon vivant, dans l’autre main un briquet, il brûle le papillon et dit :“ vous êtes plus sensible à la mort d’un papillon qu’à la mort d’un vietnamien”.
Cette scène, cher Peter Brook, jamais on ne l’oublie, jamais
Tous vos spectacles, Peter, m’ont laissé des traces profondes, des cicatrices indélébiles
Vous ne vous contentiez pas de monter des pièces, vous faisiez part de vos réflexions, et ça valait le métal le plus précieux du monde.
Je crains que les jeunes qui débutent le théâtre n’aient pas sous la main un théoricien du théâtre comme vous l’avez été.
J’ai suivi votre voyage en Afrique, j’ai tout compris par ce voyage et gardé le goût du théâtre de place de village avec toute la population autour,
Je savais qu’aux Bouffes du nord vous faisiez des avant -,premières gratuites pour les gens du quartier.
Je vous ai vu répéter, vous disiez à un acteur : attention, tu dis le texte techniquement mais tu ne sais plus ce qu’il veut dire.
Et toutes vos formules sur les succès d’un théâtre mortifère à Paris et qui recueille tous les succès. Quelle audace, dire la vérité.
Le diable c’est l’ennui.
Et vos choix… fonder une compagnie internationale avec le monde entier, prendre le risque de Bakari Sangaré dont j’ai vu la cabane de tôle dans laquelle il vivait à Bamako
Et cette façon de garder la lèpre des murs des Bouffes du Nord.
Quel pragmatisme, à chaque fois vous cassiez les codes et les tabous.
Vous avez disparu, mais vous êtes plus que jamais présent.
J’étais trop heureux de vous parler.
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