Billet du 3 novembre 2025, rite de passage

L’heure est arrivée de faire le ménage dans nos maisons

Mais il y a des centaines de kilos de bouquins dont personne ne veut

il va falloir s’en séparer .

Faire un peu de vide. Est ce que j’ai tout lu ? Une imprimante qui ne marche plus, trois vieux ordinateurs , des câbles et des câbles , des kilos de fiche de paie, de factures, des vieilles boites à cigares et des centaines de carnets noircis de notes.

Bizarre, les maisons sont à notre image, elles se délabrent autant que nous.

Le Monde et Libération

J’arrivais à Montbéliard le 3 janvier 1991 pour diriger avec Hervée de Lafond une scène Nationale celle de Montbéliard, et j’entrais chez un marchand de journaux pour demander Le Monde. On me répondit sèchement, vous ne trouverez pas le Monde par ici.

Et  Liberation ? Ah bon c’est pareil, mais vous lisez quoi ici ? L’Est Républicain Monsieur.

Comment allais- je pouvoir survivre? Ces deux quotidiens étaient ma boussole et dictaient ma pensée, mes actions, mes évaluations.

Réussir un spectacle c’était avoir une critique dans ces journaux. Mais non, ici, pas de Michel Cournot, pas d’Olivier Schmitt, pas de Poirot Delpech, pas de Colette Godart.

Toutes mes valeurs étaient piétinées. Ici ,ce n’était pas la peine de parler de JP Thibaudat ou de Fabienne Pascaud, la critique de Télérama.

Jacques est ce que tu arrives à croire que Fabienne Pascaud était venue nous voir jouer à Naples et même dans le dépôt de locomotives de Trappes ?

le 21 ème siècle

Tout est allé  aussi vite qu’un ouragan .  Adieu Brel, Barbara, Brassens, bonjour David Guetta,  Jule , Soprano,  des millions de vues sur you tube même des milliards, un humoriste comme Rachid Bougheraba remplit un stade vélodrome ou un stade de France.

Je me crois moderne, J’aime bien Facebook, il y a André Marcowicz qui nous éclaire sur les guerres, de la nécrologie et des nouvelles, mais c’est déjà ringard, Instagram, c’est déjà plus dans le vent et surtout Tik Tok. Les sujets presque tous musicaux ne dépassent pas vingt secondes et disparaissent assez vite. C’est là qu’il faut être, même le président de la république, donne parfois son avis, car sont nés les influenceurs  et influenceuses, un nouveau métier. Non tout va trop vite, et pourtant je suis moderne, les caissières  de supermarché sont surprises quand je paye mes courses avec mon I phone

Je vais au TNS

Voir Lamya Regragui dans prendre soin. Lamya c’est une fille des quartiers de Montbéliard,  on lui a fait découvrir un autre théâtre que celui de Francis Huster,  mais Lamya n’avait pas envie de jouer pour les pauvres comme nous,  elle  a choisi de ne jamais quitter les théâtres nationaux et les grands textes.  Lamya joue bien, elle est devenue branchée avec de grosses lunettes , presque snobe, mais ça fait plaisir de la voir épanouie, devenue de plus spécialiste de littérature américaine avec son mari de Los Angeles.

La pièce de Zeldin  s’appelait prendre soin. On y apprend qu’il y a une population d’invisibles qui font le ménage des entreprises avant le lever du jour. S’il n’y avait pas une scène charnelle un peu réaliste, elle aurait pu emmener sa mère ancienne femme de ménage.

La vie est derrière moi ça c’est sûr

Mon corps est illuminé d’alertes diverses, je suis devenu l’homme aux quatorze pilules chaque matin.

Je serais dans un pays du sud je serais parti depuis longtemps.

Je suis à moi tout seul 40% du déficit de la sécurité sociale.  Chaque étage du corps est concerné, les dents, le coeur, la vessie, le dos, les genoux et pourtant je ne souffre pas,

je suis juste  fatigué.

A chaque fois que je vais à l’hôpital je remplis un nouveau questionnaire, parmi les questions il y a la plus curieuse,  date du décès ?  Ah bon, je laisse la case vide?