29 Novembre 2025 La Culture en crise
- livchine
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La 2CV théâtre, vingt ans de tournée, coût de production négligeable.
De nouveau on parle d’une grosse crise de subventionnement dans la Culture.
Ça fait cinquante ans que cela dure, il y a juste eu le répit 1982 -Jack Lang- mais dites- moi, pensez- vous que les productions 1982 étaient meilleures à cause des sérieuses augmentations de budget ?
Je n’ai jamais pensé que le problème du théâtre, c’était l’argent.
J’ai même souvent pensé que trop d’argent était nuisible à l’imagination.
On me racontait qu’à l’Opéra de Paris le metteur en scène frappait dans ses mains pour réclamer une tortue traversant le plateau, les assistants se précipitaient pour acheter des voitures téléguidés qu’ils customisaient en tortue.
Or nous dans les compagnies du tiers théâtre, on sait qu’il suffit d’un fil de nylon et d’un petit bricolage pour faire passer un objet de jardin à cour avec magie.
Et franchement qui pense qu’une production gigantesque avec beaucoup d’argent aboutit toujours à un grand spectacle ?
Les grandes innovations théâtrales sont toujours sorties d’officines modestes, allez voir l’exiguïté et les manques de moyen du théâtre de Kantor à Cracovie ou l’appartement, du living theater à New -york ou la ferme de Peter Schuman dans le Vermont sans oublier le théâtre pauvre de Grotovski.
Je pourrais facilement jouer le rôle de procureur des dépenses culturelles du théâtre public, il ne faut pas laisser la place au RN pour jouer ce rôle car pour eux c’est simple, tu fais du monde ou tu disparais. La prise de risque, ils ne connaissent pas.
Mais nous devons cependant nous auto -critiquer.
84 employés administratifs au TNP, écoeuré le directeur Bellorini s’en va en Suisse vers le théâtre de Carouge.
Et sans arrêt j’entends parler de construction de décors qui ne servent que trois fois, de sols en marbre inutilisés, d’escaliers livrés trop tard, et bien sûr le point le plus sensible c’est le salaire des directeurs, que je ne connais pas, puisque dans les budgets on note juste la masse salariale sans détail, mais j’ai un mauvais pressentiment. La base minimale Syndéac c’est 4000 € mais aucun directeur ne s’aligne sur cette base minimale , et les frais de mission peuvent être exponentiels, bien -sûr de bons hôtels à Avignon, qui ne sont pas à 72 € sans doute des frais de bouche qui ne sont pas de 20,20 € par repas. C’est du détail. Quoique ayant été moi même co- directeur d’une scène nationale de 1991 à 2000, jamais nous n’avons accepté d’être défrayés. Question d’éthique.
Je m’entête à dire que ce ne sont pas les théâtres nationaux les mieux dotés en France qui font le meilleur théâtre.
Le projet que l’on nous demande d’écrire pour les co-producteurs est un des drames du théâtre. Le théâtre cela ne s’écrit pas dans un bureau, cela se mature longtemps, cela s’invente dans des approximations successives sur plateau ou dans la rue et quand la pièce est terminée, on peut enfin écrire le projet .
Je raconte toujours la même histoire : imaginez- vous Picasso réclamant des subsides au ministère pour peindre Guernica, ou alors Antonin Artaud à la Drac.
Un jour nous avions eu la faiblesse de faire comme tout le monde et de draguer des co-producteurs ; une fois la coquette somme rassemblée nous avons pondu notre notre plus mauvais spectacle. On ne voulait pas décevoir nos coproducteurs en changeant radicalement de direction, alors on s'est enfoncés.
Attention cela ne veut pas dire que nos refusons les subventions, mais il faut sans cesse nous rappeler que c’est de l’argent public qu’il faut utiliser à bon escient .
Ce qui est tout de même terrifiant dès qu’on aborde ces sujets c'est que l'on se fait vite traiter de poujadiste et de populiste par celles et ceux qui profitent sans vergogne du système.
Allez une dernière anecdote, le Centre National du cinéma, refusera désormais d'aider les films dès lors que le cachet d'un artiste dépassera 500 000 € !



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