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Billet du 14 avril 2025, est- ce que je mets les noms

  • Photo du rédacteur: livchine
    livchine
  • 14 avr.
  • 2 min de lecture


Perec m’inspire. Il m’inspire quand il note tout ce qui se passe place saint Sulpice, il en fait une longue liste et il m’arrive moi aussi  de faire des listes.

Et je me suis dit : si tu faisais l’inventaire de tout ce que tu as créé en matière de théâtre, parce qu’évidemment il y a un certain nombre de classiques mais il y a surtout des quantités d’actions furtives, non déclarées, non annoncées, des mini -actes artistiques radicaux, des perturbations, des provocations, des irruptions de poésie dans des lieux improbables.

Alors j’en commence la liste, j’ai peu de traces, et puis souvent c’est aussi à l’étranger.

Je ne peux pas tout raconter. Notre vie artistique est farcie de farces. La liste s’allonge. Hervée de Lafond me tance : t’en oublies plein. La pluie diluvienne en Corée, comment Gérard Deniaux se trouve perdu en uniforme de garde républicain  dans le  port  de Pusan.

Et le fiasco de Mogador ?  - Attends un peu, si je commence les anecdotes de tournée, cela deviendrait un annuaire téléphonique.

J’ai essayé de trier la liste par ordre d’importance, ou selon le degré de décalage, ou tenter de mesurer l’aléatoire de ce foisonnement, ou une  chronologie etc.

J’en suis à cent pages. je ne veux garder que les gestes artistiques, comme ça platement.

La liste s’allonge, je l’oublie,  je la reprends, je continue pendant quatre ou cinq ans.

Peu à peu commence le ralentissement, les calendriers s’aèrent, les tournées s’amenuisent. La ligne d’arrivée se rapproche.

J’ai un  fantasme :  je me souviens de ma découverte du théâtre, à l’Institut d’études théâtrales de Censier en 1965, je découvrais dans la bibliothèque tout ce qui avait existé avant nous, Meyerhold et le train de Gémier, et aussi le fumier d’Antoine pour faire réaliste et tout ce qui construit un jeune metteur en scène.

Je trouve qu’il faudrait que le catalogue de l’Unité puisse être placé  dans les rayons pour que les nouveaux  étudiants en théâtre  puissent le feuilleter et se dire : ils ont fait tout ça.

Je croise Hee Kyung Lee à Aix en Provence, on fête les cinquante ans de Aix ville ouverte aux Saltimbanques dont nous fumes les acteurs.

Hee Kyung a écrit un mémoire sur le théâtre de rue, remarquable selon moi.  Elle me hèle  “alors Jacques tu n’as rien écrit depuis la lettre à Charlotte. ”

Je lui parle de mon catalogue d’idioties.  Elle voudrait en faire un livre.

Bon je sais que cela n’intéressera pas le grand public, mais s’il pouvait être dans la bibliothèque de l’institut d’études théâtrales, cela me ferait plaisir.

Chantal Kirchner, une de nos magnifiques anciennes collaboratrices est mise au parfum,  et on avance.

Hee Kyung donne le titre : les mille et une plaisanteries du théâtre de l’Unité.

Je reçois un message hier : est ce qu’on met tous les noms ?

Ça risque d’être long.

Mo je trouve que oui, on l’a pas bâti seuls ce monument invisible.












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