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Billet du 17/03/24. Sueurs froides à la cérémonie d'ouverture de Capitale Française de la Culture



La Vouivre des Plasticiens volants


Que d’inconnues  !

Ce projet d’ouverture de Capitale Française de la Culture va être dirigé par Hervée de Lafond nommée par l’Agglomération dite PMA.

Quatre mois infernaux, avec rebondissements chaque jour.

Et la date et le lieu et le budget, tout bouge sans arrêt.

On commence par imaginer un spectacle qui tournerait autour d’une rencontre Rachida Dati  et Jamel Debbouze qui viendrait amicalement, vu le rôle que nous avons joué dans sa vie à Trappes.

Oui disait Hervée, on montrerait le rôle émancipateur  de la Culture, deux personnalités issues de l’immigration.

On mettrait les personnalités dans des nacelles pour les discours et les dialogues, alors il faut établir les budgets techniques pour le son et la lumière. Ces budgets arrivent très tard, de l’ordre de 50 000 €. Catastrophe, le budget alloué est dépassé. Ouf. Yannick Marzin un des trois commissaires réduit ses ambitions sur son évènement final.

La balance se rétablit.

Mais il faut sans arrêt colérer, ce qui est dit dans les réunions n’est jamais acté.

L’heure approche, on nous annonce que Rachida Dati ne viendra pas, c’est la claque humiliante. On lui écrit une lettre déchirante pas tant pour sa présence que pour le symbole.

Coup de théâtre, le député Renaissance Nicolas Pacquot insiste pour que cela soit le Premier Ministre qui soit présent.

On aurait Rachida Dati et Gabriel Attal.

Puis finalement à J-3, il n’y aurait que le premier Ministre. Jamel s’est désisté.

Or qui dit Premier Ministre dit mesures de sécurité abracadabrantes.

Démineurs, chien dénicheur de poudre. Débarquement d’une trentaine d’hommes en noir. Barrières de sécurité, tribune d’honneur sécurisée, nacelles interdites.  On doit même évacuer une grande loge en cas de problème pour que le Premier Ministre puisse se réfugier dans les sous sols de l’Axone.

Et puis nous ne maitrisons pas la communication, l’affiche est peu attirante, trop froide, on la voit à peine.

La météo est menaçante, pluie et vent prévus. A plus de 12 km/heure, pas de feu d’artifice, ni de la Vouivre animal géant gonflable.

Combien de personnes attend-on ?  Mille minimum, ce serait l’échec.

Jour de l’événement , des cordons de sécurité se mettent en place. Les artistes eux- mêmes ne peuvent pas accéder au lieu. Les macarons ne sont pas prêts ou pas distribués.

Le Jumper de l’Unité a dans son coffre 40 kgs de course, la sécurité est inflexible. On ne passe pas. On appelle au secours le directeur de l’Axone, tous les artistes un par un ne réussissent pas à passer les barrières. Nous sommes au comble de l’absurdité.

Le premier Ministre arriverait en Falcon de la République, ne peut pas atterrir à Courcelles les Montbéliard, mais à l’aérodrome militaire de Luxeuil à 40 kms.  Cortège de dix véhicules.

On parle de sniper sur les toits.

On débute avec trente minutes de retard.

La public a envahi les espaces de jeu. Hervée s’égosille, rien n’y fait. 5000 personnes environ, ce n'est pas la honte, pas de vent pas de pluie. Ouf.

Notre Brigade d’intervention accueille le premier ministre, horde  de micros et de journalistes et armée de gorilles, il faut jouer avec les éléments.

Enfin  ça y est il est sur la tribune, Hervée se déchaine, le tutoie , l’appelle gosse, joue l’impertinence totale, le charrie.  T'es venu en Jet pour une fête de la sobriété écologique, tu connais pas le TGV ? Tu enlèves 200 millions à la Culture etc. Il est à l’aise, calme, sourit, parfois il répond. Ce jeune homme a de l'avenir.

Le président de l’Agglomération  Charles Demouge prend peur. Il annonce prématurément l’arrivée des 73 maires à vélo, en fait 72  puisque lui ne pédalera pas. Ça commence mal, trou de dix minutes.

Et puis il y a trop de monde qui veut s’agglutiner pour apercevoir la star de l’ouverture : Gabriel Attal.

La patrouille de France à trottinettes se fraie un passage juste après les 72 vélos.

On découvre très vite que notre scène centrale espace de jeu est trop basse que personne ne voit. Pas de budget pour un grand écran.

Tous les circuits savamment préparés sont abandonnés. Tout est trop lent, on aurait voulu que les événements se mordent entre eux, ce n’est pas le cas.

Le charriot, bar ambulant , casse ses attaches, les deux chevaux comtois ne peuvent plus le tracter,  désastre, on n’annule pas, traction manuelle. etc.

Les femmes puissantes arrivent à défiler et sont applaudies. Les Vagabond Crew breakdance sur Haendel, la championne de Freestyle, puis les vaches montbéliardes, les oies passent en périphérie, elles ont peur.

Puis ça rame, grands espaces sans rien. L’ennui commence. La représentante du Premier ministre vient nous dire que Gabriel Attal a une réunion importante et nous dit merci  au revoir.

Ah ça non, ce serait l’humiliation suprême.

Alors on accélère le processus. Ça hurle dans les interphones.

Hervée demande au Premier Ministre dix minutes encore

On supprime deux séquences, les hurleurs poétiques les immigrés,   et apparait la  majestueuse Vouivre des Plasticiens volants et ça enchaine par le fabuleux feu d’artifice du groupe F sur l’hymne du Pays de Montbéliard.

Le Premier Ministre  a sorti son portable et filme.

L’honneur est sauf, on termine bien, en majesté.

On serre la main du premier ministre, le public chante bon anniversaire. Il file non sans quelques selfies.

Zumba puis DJ Mimosa , mais les jeunes sont peu nombreux en vrai.

Hervée épuisée dit :  on a triomphé pas vrai ?   Oui certes mais d’extrême justesse.

Nous aimons l’adversité, le raté mieux, mais là on a frôlé le bord du gouffre.

Maud le Floch présidente du jury  qui a choisi Montbéliard nous

félicite.  Oui Hervée a 80 ans !

Dans les réseaux sociaux, quelques personnes se disent choquées: on ne tutoie pas un Premier Ministre.

Mais on pense à Molière et à Louis XIV , les sociétés ont besoin de bouffons qui nous montrent que les rois ne sont pas des dieux, mais des êtres humains aussi fragiles que nous tous .

































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