Il est tout de même extraordinaire de penser qu’à quelques heures de jouer un nouveau spectacle, nous ne soyons pas en mesure d’en faire la moindre évaluation. Intéressant ? Beau ? Ennuyeux ? Drôle? Trop long? Ce qui se résume d’habitude à l’issue du spectacle par ces deux allégations fatidiques: t’as aimé ? t’as pas aimé ? Les gens s’en vont et c’est terminé.
Ce Rimbaud a une couleur spéciale. Aux origines, il n ‘était pas destiné à être joué ou représenté devant un public. C’était une étude, l’approfondissement d’un texte énigmatique, un tantinet indigeste, mystérieux et surtout ne ressemblant à rien d’autre.
J’avais découvert Rimbaud à l’âge de 17 ans, et à l’âge de 77 ans, j’ai eu envie d’y revenir, de pénétrer la jungle touffue des mots, j’avais envie de posséder les moindres recoins de la saison en enfer en l’apprenant par coeur.
Nous nous y sommes mis à 4, on s’était enfermés dans une sorte de grenier, nous avions associé un DJ , et nous nous sommes lancés à la recherche de “comment ça peut se dire un texte pareil”? Nous avons demandé à Hervée nous rejoindre comme accoucheuse, et très vite elle est devenue la mère d’Arthur, car toutes les thèses peuvent être envisagées . Et s’il n’écrivait que pour sa mère, tiraillé entre son christianisme et l’influence du père, ami de l’Orient et de la culture arabe ? Et puis bien- sûr comment Rimbaud nous marque au fer rouge avec une poésie qui devient sa vie.
Et puis tous mes souvenirs de fugue de jeunesse.
Comme si la vie était un grand cercle : j’ai commencé avec Rimbaud et je termine avec Rimbaud.
Le dernier rêve ce serait d’aller jouer à l’ endroit exact où Rimbaud a écrit ce texte.
Pour l’heur, j’ai rendez vous ce 28 mai à 18 H 30 en pleine campagne avec 80 personnes curieuses de savoir ce que nous avons fait d’une saison en enfer.
Allons, la marche le fardeau, le désert, l’ennui et la colère .
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