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Billet du 10 septembre 2023, sur la France qui va mal et la France qui va bien


Rue de la gaité


J’en ai un peu honte, mais parfois Paris me manque : le métropolitain, la 13 et les bus bien polluants : le 38, le 39, le 95.

Je descends à Palais Royal musée du Louvre. Rendez -vous du monde entier.

Les américaines obèses se bourrent d’Hagendaz.

J’aime le marchand de cigares de la place Colette sauf que les Monte -Cristo manquent à l’appel. Cinquante ans que je ne fume que ça.

Les colonnes de Buren ne choquent plus personne. Les étrangers se prennent en photo comme des statues, debout sur les socles.

Je suis fidèle aux Sept Parnassiens, il y a un petit jardin à l’ancienne pour l’attente.

La salle du cinéma est un frigo béni des dieux.

Je ne comprendrai jamais pourquoi le cinéma captive plus que le théâtre. Le temps s’est arrêté pendant 2 h 30. Elle est puissante cette Justine Triet.

Paris défilé de mode, les femmes bronzées exhibent des tenues excitantes, l’insouciance partout.

Tout le monde en veut à Hidalgo, pourtant c’est dingue cette vie foisonnante, les terrasses archi -remplies, la queue devant le Royal Dragon un chinois avec “Tout à volonté”

Je m’immerge, je me laisse envahir de sensations urbaines.

J’aime le Paris de Perec et de Blaise Cendrars.

Et tout en arpentant les rues je me dis : il y a une France qui va mal, une France qui souffre, une France qui vit mal, mange mal, dort mal, ils seraient une dizaine de millions de gens désespérés qui ne votent plus, ne croient plus en rien, ont encore parfois la force d’exploser, de se rebeller.

Et il y a une France qui va bien, joyeuse, épicurienne, consommatrice, propriétaire. On les appelle les CSP +, catégories sociales privilégiées.

Et nous, toute notre vie, nous nous sommes adressés à la France qui va mal, la France des pauvres qui ne sortent pas, ne vont pas au théâtre, ne lisent pas. Nous sommes allés là où ils vivaient, dans les banlieues, les quartiers déshérités.

Parfois il m’arrive de regretter notre choix quand revient l’automne et son festival chic, j’ai la velléité d’en faire partie.


Alors aux soirs de lassitude

tout en peuplant sa solitude

des fantômes du souvenir,

on pleure les lèvres absentes

de toutes ces belles passantes

que l’on n’a pas su retenir.



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