Les moutons votent pour le loup
On appelle ça lavage de cerveaux. Durant deux mois, vous ouvriez n’importe quel média écrit, audio -visuel, n’importe quel écran, toute l’actualité était obstruée par cinq lettres. T...P. On nous a fait croire à un match au coude à coude, aux résultats incertains, on nous promettait le suspens du siècle, nous étions en alerte rouge. S’il passait dans les cinq Etats “glissants” la secousse qu’allait subir la planète terre était de l’ordre de six Hiroshimas.
C’était un duel inégal : poids lourd contre poids plume. Les valeurs démocratiques allaient être écrasées. On avait affaire à un candidat bulldozer, à un mammouth, à un sanglier en colère, rien ne lui résisterait.
Il était criblé de condamnations diverses, des casseroles comme on dit, mais son armure était invincible. Lors d’une tentative d’assassinat, une balle avait touché son oreille, il a eu encore la force de lever le poing en hurlant “fight, fight”.
Lors d’un stage théâtral, méthode Grotovski, nous avions reçu la consigne suivante : ne pensez pas à ce que vous allez dire mais comment vous allez le dire.
Le quoi et le comment. Et lui était champion absolu, il disait n’importe quoi mais avec une force torrentielle, une persuasion, un impact magistral tel que ses pires ennemis se mettaient à rallier son clan.
C’était une sorte de héros shakespearien, un Falstaff, une énorme bonbonne, une mitraillette à mots, inflexible, rien ne lui résistait.
Et puis il était riche, il possédait des tours, des villas luxueuses, avec golf incorporé, l’homme le plus riche de la terre était son plus fidèle soutien. On admire les riches tout en les détestant.
On murmurait que pendant dix ans, il avait été l’animateur d’une émission de télé-réalité, il avait acquis cette aisance sans faille, ses grimaces, sa clownerie.
Et puis aussi il savait faire rêver avec des solutions simplistes, mais on finissait par croire tout ce qu’il disait.
A vrai dire, le peuple se fiche bien de la démocratie et de ses discussions oiseuses. Il se fiche bien des avis des spécialistes qui ne cessent de se tromper.
Un bateleur leur vend un monde sans pauvres, sans immigrés, sans guerre.
Quel risque court-on? Obama n’a pas su résoudre le conflit israélo- palestinien, et Biden encore moins.
On verra bien, on le jugera sur pièces.
Ralliez -vous à ma crinière blonde, et les latinos qu’il injurie, les femmes qu’il traine dans la boue, les noirs se mettent à voter pour lui. Du jamais vu.
Du grain à moudre pour nos Kapouchniks.
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