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Billet du 14 juillet 2025, il y a quelque chose de pourri au royaume du théâtre.

  • Photo du rédacteur: livchine
    livchine
  • 14 juil.
  • 3 min de lecture
Les 80 ans de ma mère , une mise en scène de l'espace social, un autre théâtre.
Les 80 ans de ma mère , une mise en scène de l'espace social, un autre théâtre.

Il y a quelque chose de pourri au royaume du théâtre, c’est toujours au moment du festival d’Avignon que je ressasse cette antienne.

Pourquoi Avignon accueille des critiques dramatiques du Monde entier, qui couvrent magnifiquement le Festival, même le off a droit à quelques papiers, tandis qu’au même moment les attachés de presse de Chalon dans la rue galèrent pour attirer un stagiaire du Monde ou de Libération qui ne restera que quatre heures au plus, et ce sera pareil pour Aurillac. Les évènements majeurs des arts de la rue n’ont droit à aucune couverture médiatique ou presque.

Pire encore, Rosita Boisseau dans le Monde du 12 juillet 2025 découvre un nouveau genre hors- théâtre qui se joue dans l’ espace public et souvent gratuit.  Et déjà l’an dernier, une déambulation en pleine nature était présentée comme le dernier cri de l’avant -garde théâtrale.

On est en train  de découvrir timidement un genre nouveau avec 50 ans de de retard.

C’est effectivement un théâtre sauvage qui se pratique sans  billetterie, sans place réservée, un mouvement qui est né en 1973 à Aix en Provence.

Même l’observatoire des politiques culturelles oublie dans ses statistiques les arts de la Rue.

On m’objectera que le Ministère de la Culture sous l’impulsion de Michel Crespin ( mort  en 2014 ) et de Alain Van der Malière du Ministère de la Culture ont créé 13 CNAREP (Centre nationaux des arts en espace public ) en 2010, et pourtant il semblerait que les arts de la rue  fassent à peine partie de l’histoire du théâtre fin du vingtième siècle et début vingt et unième.

Certes Floriane Gaber a écrit une histoire du théâtre de rue très documentée, mais sans l’intégrer dans l’histoire du théâtre globale, un jour il faudrait oser dire la vérité :

Oui,  Vilar, Chéreau, Pommerat, Wajdi Mouhawad, Savary etc.

mais ça reste académique, Vitez fait bouger les lignes, il joue hors théâtre, à Ivry ou à Nanterre, Kantor crée la classe morte dans  une salle de de classe.

Mnouchkine explose les scénographies et occupe une friche, Brook défriche la rue en Afrique et s’installe dans un théâtre abandonné, mais très vite des artistes fuient le théâtre emmuré et renouent avec les vraies racines du théâtre, sous le ciel, c’est un mouvement unique et sans précédent. Des vingt pionniers de la rue, dont je fus, on passe à plus de 1500 compagnies avec une nouvelle éthique, un nouveau tempérament, un nouveau genre de comédiens, c’est un théâtre qui ne craint pas les immenses jauges, plus d’un million de personnes avec en tête Royal de Luxe et des projets faramineux comme Cargo 92, et des parades incroyables en Amérique du Sud, et une inventivité multiple et sans précédent voit le jour avec Pailette, Ilotopie, Génrérik , la compagnie  Off, Cacahuètes au style provocateur réclamés dans le monde entier, et je ne veux pas oublier les Grooms, nés de la cuisse de l’Unité, et leurs impostures et leur opéra de rue et plus de 80 pays à leur compteur, 26000 couverts et l'Odin teater et j'en oublie et j’en oublie.

Allez cela ne se fait pas, je veux citer Christian Bobin  qui parle d’une de nos brigades d’intervention théâtrale lors d’un événement  inspiré par Jean Bojko, les 80 ans de ma mère, en 2010. Rencontre avec des trésors vivants.


Toute la troupe alignée en costume bleu et

rouge forme comme une muraille. En fait c'est le

contraire: c'est des frelons de lumière qui

percent la muraille du monde. Livchine est comme

un pollen: il a un vol erratique et fécond. Avec la

fête des Trésors Vivants, il est l'unique personne a

avoir inventé le contraire des croque-morts. Il

fallait pour ça surtout ne pas tomber dans

l'horreur et le sadisme des clowns d'hôpitaux -

chose presque impossible. Et il l'a fait : il a réussi

parce que sa bande de fous et lui aimaient

vraiment la vie infernale et les gens. Son

accordéon est comme un vieux cœur qui perd la

totalité de son souffle et le redonne à la seconde

suivante. C'est génial. Quand à sa formule : « Il ne

faut pas que ça soit bien. », c'est digne de Lao-

Tseu.



Les mille et une plaisanteries du théâtre de l'Unité, un bouquin de 118 pages, ça sort dans quelques jours . Commande par Helllo asso , voir page d'accueil du site

et puis il y a un podcast de AVN (A voix nue ) sur France Culture où je discute pendant cinq fois vingt neuf minutes avec Sylvie Gasteau .













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