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Billet du 18 mai 2025 : évaluation d'un spectacle

  • Photo du rédacteur: livchine
    livchine
  • 18 mai
  • 3 min de lecture

Hervée de Lafond, redoutable procureur des sorties de chantier
Hervée de Lafond, redoutable procureur des sorties de chantier


C’est un problème qui me hante l’évaluation, le t’as- aimé t’as- pas aimé, as- tu décroché le TTTT  de Télérama ?

Et Lea Salamé dans son émission du samedi n’invite que les artistes qui “cartonnent”.Bizarre l’expression cartonner, c’est faire une cible à la carabine à la fête foraine. Cela m’énerve.

A L’Unité on a toujours aimé la troisième mi-temps, retenir le public  avec des boissons ou une soupe pour échanger sur le spectacle. Ce n’est pas toujours agréable, vous venez de terminer votre création, et je servais la soupe de l’Oncle Vania, et je ne récoltais de compliments que sur la soupe.

Au Centre d’Art et de Plaisanterie nous avions institué le placotage obligatoire, ainsi donc autour d’un verre de crémant offert, le public discutait avec l’artiste. Ce soir là notre invité était Jérôme Savary, (mort il y a douze ans à 71 ans). Première réaction d’une  spectatrice  : je me faisais une joie de voir le Magic Circus, une vraie légende dans le théâtre et j’ai vu le grand Tragic Circus.

Jérôme Savary ne s’est pas démonté  : des attaques j’en ai toujours subies, mais voyez-vous, cela ne me touche guère.  A peine le débat terminé Jérôme m’agresse : Livchine c’est un guet- apens votre machin , j’apprends que la spectatrice était une pro, j’apprends que l’Est Républicain était présent, je te trouve malhonnête.  Histoire de dire à quel point, le sujet est sensible.

En principe, une grande hypocrisie est de mise, on n’a pas aimé, mais on utilise de nombreux subterfuges, style il y a de bons moments, des petites longueurs alors qu’on a dormi tout le long.

J’aime quant à moi aller vérifier quelque TTTT de Télérama ou un emballement de Fabienne Darge, critique du Monde, je suis rarement en accord.

Il y a l’anecdote de deux critiques sérieux qui sortent d’une pièce et l’un dit à l’autre : il n’y a que le public qui a aimé.

On le sait : le goût de la critique est souvent opposé à celui du public.

Comment concilier toutes ces contradictions ?

A l’Unité alors que nous avions du succès public, nos spectacles étaient rarement invités dans les théâtres et les festivals. Notre président de l’époque, Gérard Dentaux, bien introduit dans le théâtre public-il était administrateur de la maison de la Culture de la Rochelle- nous a réunis pour nous dire : mes amis voilà, ce que l’on pense de vous chez les professionnels : de bonnes idées mais des réalisations confuses.

Cela nous a fait mal, mais nous avons aussitôt réagi, nous avons décidé de soigner la forme et nous avons sorti un bijou : Mozart au Chocolat .

Moralité : ne pas en rester à l’avis des copains, rechercher sans cesse l’avis des professionnels.

Depuis quelques années nous mettons un outil à destination des compagnies, la Maison Unité,  l’hébergement, déjeuners, studio des 3 oranges et éventuellement un crash- test final où forts de nos 55 ans de théâtre, nous donnons notre avis et nos conseils.

Nous voilà de l’autre côté de la barrière, nous distribuons les bons et mauvais points.

On dit ce que l’on pense, plus ou moins frontalement. Quand on n’est pas convaincu, on dit pourquoi sévèrement et on cherche des solutions.

46 compagnies par an passent par la Maison Unité.











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