Bernard Kudlak du cirque Plume décoré par Marie Guitte Dufay présidente de Région Franche Comté Bourgogne
C’est une course effrénée.
Nous sommes tous liés sur des réseaux alors on sait tout sur tout.
On court après les dates, les récompenses, les décorations, les marques de reconnaissance.
Nous sommes trop nombreux pour un public trop mince.
On raconte que les créations ont une durée de vie de 3,7 jours.
Elles naissent et meurent aussitôt.
Les lieux de résidence se multiplient.
Le subventionneurs aident la création, pas la diffusion, alors les gars, faut pondre des dossiers.
Il y a des bourses distribuées, souvent les jurys sont formés d’artistes.
Ce qui compte, c’est ce que pensent nos pairs.
La chargée de diffusion est l’animal le plus prisé.
Une compagnie joue, elle ne se lasse pas de le faire savoir sur les réseaux, et tente de récolter des “like”.
Chacun raconte ses succès, on a l’impression que l’on vit dans une galaxie de succès divers, et il y avait du monde, et ils aimaient etc.
Y en a qui hurlent : likez moi je vous en prie.
Les Molières sont la cérémonie la plus ridicule du microcosme, mais qui ne remporte pas un Molière peut crever dans son coin.
Avignon, c’est un investissement de 30 000 €, une horreur, le mercantilisme le plus abject, mais si on n’y passe pas, ce n’est plus la peine d’espérer quoique ce soit.
Les premières se font dans l’indifférence la plus totale, les professionnels ne se déplacent que dans les festivals où ils peuvent consommer de 5 à 7 spectacles par jour.
Tu refuses le système, car tu crois en ton génie et que les dates vont t’arriver comme dans le temps, vaut mieux te coucher, n’attends plus rien de la vie.
Les fabricants de teasers sont les rois. Car tout se joue sur une vidéo et des images.
A la bourse des spectacles, il y a près de 40 000 représentations en vente, mais la capacité d’absorption est de 12 000 représentations.
Alors il reste le RSA, et l’intermittence c’est le mat de cocagne, la course aux 507 heures.
et moi je ressasse sans arrêt ma phrase préférée de Cioran :
“J’ai connu toutes formes de déchéances, y compris le succès”
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