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Billet du 28 janvier 2024 Lupa



On a tellement parlé de cette polémique à Genève, le refus des techniciens de continuer les réglages lumière vu l’horrible caractère de Kristian Lupa et ses cris de colère que j’avais trop envie de savoir ce qu’il en était.

Lupa est -il le génie devant lequel le microcosme du théâtre  se prosterne ?

Le spectacle vaut -il les millions d’euros dont il est question ?

Et puis je m’interroge sur les différentes appréciations.  Comment nos goûts divergent ?

Le théâtre c’est comme les races de chien, il y autant de différences dans les styles qu’entre un Saint Bernard et un chiwawa.

Donc je n’y vais pas en spectateur, mais en inspecteur.

Deuxième balcon, 29 € de face, c’est un peu haut, mais bon.

Bizarrerie, la jeune ouvreuse à 19 H 30 précises fait une annonce : je demande à 19 personnes de bien vouloir regagner l’orchestre.

D’habitude on appelle cela de la resquille, mais là le surclassement est obligatoire. Il s’agit de cacher les trous de l’orchestre.

J’ai la flegme de redescendre, je reste au deuxième balcon.

Alors ce grand perfectionniste de Lupa a oublié qu’il y avait un second balcon et que le son amplifié parvient étouffé et opaque. Donc pour comprendre ce qui est dit, il faut lire les sous- titres en anglais. Absurdité maximale.

Alors oui, il y a des réglages complexes, car Lupa mélange habilement des images filmées et des scènes sur le plateau.

Il y a une belle scène inspirée de Kantor la classe morte, quand les pupitres d’élèves font la ronde sur le plateau avec en filigrane le vrai spectacle de Kantor. Allons, ne lésinons pas, cinq minutes éblouissantes.

Et là on s’engouffre dans un tunnel d’une heure et demie. Deux personnages sur scène. Le rythme est d’une lenteur extrême. Helen et Paul, Mélodie Richard et Manuel Valade. A peine bons. Fabienne Pascaud le relève, les comédiens polonais étaient meilleurs.

Lupa adore mettre les hommes en slip blanc, c’est moche. Quand il y a des flash backs filmés, on respire.

Quelques étonnements, un exil à Salins les Bains et Besançon, on ne s’y attend pas. Il est question de Bereyter qui est juif et ne veut pas l’être, le camp de Terezin est évoqué.

Deuxième partie on ferme le second balcon, exil à l’orchestre. Coincé au dixième rang.

Deux heures interminables. Une autre histoire, un exil en Amérique, et une scène de deux heures, à deux personnages. Rien ne se passe au niveau théâtral, je calcule l’heure de la fin, je l’estime à 23 H 45, mais non ce sera minuit. Je souffre, c’est interminable, c’est plat, aucun relief, mais au moins le son est bon, le texte qui vient d’improvisations est faible. Parce que c’est l’adaptation d’un roman de Sébald.

Encore un personnage en slip petit bateau, il a les cheveux longs on dirait une femme, il termine nu, les catholiques intégristes quittent la salle. Je n’en peux plus, je bouge, ça gêne les voisins. J’essaye de dormir, je n’y arrive pas.  C’est une torture. Je me la suis imposée.

La libération… Je savais que j’allais souffrir, mais pas autant

Je suis obligé d’aller voir un proseco au bar de l’Odéon, je lis le programme, ah oui la spirale des silences, le théâtre décrypterait l’innommable.  Ah le père de Lupa aimait le nazisme et était négationniste.

Le voisin applaudissait frénétiquement. Au masque et la plume, ils se divisent. Je ne suis pas le seul à avoir trouvé la seconde partie insupportable.

Fin de l’inspection. 8 sur 20. Spectacle interminable, malgré quelques fulgurances. On retient ce que l’on savait déjà, les fantômes des morts reviennent dans nos vies, ça c’est sûr.

Et puis nos sensibilités sont différentes, pourquoi certains aiment le Beaujolais, et d’autres ne jurent que par le Bordeaux.

Lupa rejetterait mon théâtre comme je rejète le sien.

Sauf que moi je prends la peine d’aller le voir, et lui ne viendra jamais me voir.

Donc ma théorie qui dit que l’on devrait appeler le ministère de la Culture, le ministère des Cultures, se justifie.

















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