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Billet du 9 octobre 2023, la sidération



Tu me vois là, il est 3 H 30 du matin.

Je pense à Michaux : “Dans le noir nous verrons clair mes frères, dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite”.

Il y a des nouvelles d’une violence innommable.

Un vent se met à souffler à 250 km/h.

On s’accroche, on essaye de hiérarchiser les douleurs du monde.

On se croirait presque dans une sorte de terrifiante compétition,

où les événements affluent impitoyablement et se disputent la Une des médias.

Le vocable “sidération” est en tête de tous les éditoriaux.

7 octobre 2023, on compare les événements israélo- palestiniens au 11 septembre 2001, d’autres disent mais non c’est le 13 octobre 2015, le Bataclan.

Mais non, 86 morts le Bataclan, 600 morts Israël et prise d’otage.

Minables nos émeutes de quartier, zéro mort, faut bien le souligner.

D’un seul coup le conflit ukrainien nous fatigue, Zelenski nous use.

6000 arrivées à Lampedusa, Zemmour hurle avec Gilbert Collard, l’Occident est en danger. Qui le croit vraiment à part Marion Maréchal ?

Macaigne remplit le théâtre de détritus, et de boue, pour pointer la violence du monde.

Nos actes théâtraux deviennent dérisoires et gadgets.

Nous hurlons Rimbaud dans la campagne.

“Les entrailles me brûlent, la violence du venin tord mes membres me rend difforme, me terrasse, c’est l’enfer l’éternelle peine”.

Il faut trouver les mots justes.

La génération de la guerre perd pied, se retrouve dans les mouroirs baptisés Ehpad. On rend visite à nos amis qui ne nous reconnaissent plus, dure épreuve, notre ami Jean Digne et la Muguette, regards absents.

Le cancer gagne des parts de marché. Qui n’a pas de cancer n’est pas digne de vivre. On appelle ça le PSA une espèce de chiffre mystérieux il faut être en dessous de 4 je suis à 62.

Notre remarquable directeur du Channel Scène Nationale de Calais est face au peloton d’exécution, le Ministère de la Culture et ses collègues se taisent, les lâches.

Dans le minibus qui emmène l’Unité en tournée, chacun raconte ses malheurs personnels.

Hervée parle de la foudre qui a endommagé sa maison, Jacques de sa voiture accidentée deux fois en un mois. C.D. nous raconte pendant plus de cent cinquante kilomètres des sévices de son enfance et du procès qui lui a donné raison.

On écoute les abominables nouvelles d’Israël. Oui mais la colonisation, les territoires occupés n’est ce pas un crime aussi ? Ça ne se dit pas, maintenant la moindre critique d’Israël c’est de l’antisémitisme.

C.B s’est fait spolier par son frère. Ah mais oui les affaires d’héritage.

Là dessus se greffent toutes les histoires d’amour foirées par les mâles alfa.

Attends, un génocide se préparerait côté Haut Karabagh. la communauté internationale laisse faire. L’Azerbaidjan nous vend son gaz.

Et encore Israël. Jacques se souvient de la phrase de sa mère “les juifs, moins en parle, mieux c’est”.

Darmanin met des vigiles devant les synagogues.

Nous on doit mouliner toute l’actualité pour le Kapouchnik 162 du 21 octobre, un vrai casse tête. Méchant Hamas, gentille Israël. Et les punaises de lit, faut- il les oublier ?

Et moi de penser à Tchekhov : un jour les souffrances finiront.




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